Instantanés d’une vie en mouvement
Une période de vie incertaine et pleine de bouleversements… mais aussi riche en découvertes intérieures. Partage de vulnérabilités, de joies et de peurs.
hello les amis,
je suis toujours derrière un écran pour vous écrire cette lettre. cependant cette fois je suis aussi derrière des verres de lunettes.
bientôt 37 ans et il semblerait que mon oeil gauche fatigue. légèrement mais juste ce qu'il faut pour voir flou et nécessité... des lunettes.
pourquoi est-ce que je vous partage ça ? pour vous introduire une période de vie particulière qui demande d'accepter beaucoup d'incertitudes en même temps.
incertitude du marché et économique. incertitude de mon rôle et ma place dans ce monde. incertitude de l'âge et acceptation de ces choses qui partent et qui ne reviendront jamais...
si vous suivez cette lettre vous le savez certainement : je connais très bien les sujets de l'incertitude, de la volatilité des choses, de la complexité et des évolutions constantes de la vie... tout est en mouvement, tout change tout le temps.
quand ça concerne les autres, c'est évident, facile d'accès, simplement la pression de bien accompagner pour soutenir dans l'adaptation à ces changements.
mais comme beaucoup, ce qui est facile à faire pour les autres est bien moins évident à faire pour soi-même.
accepter de perdre, accepter d'être perdu. accepter de changer de cycle, de devoir évoluer voir même de prendre du plaisir à vivre l'aventure des changements.
pas évident. attendez, pourquoi est-ce que je vous raconte tout ça déjà ?
pour partager en toute transparence et vulnérabilité une période de vie pas évidente et pas facile. parce que je culpabilise beaucoup aussi. j'ai une chance folle d'avoir un nouvel habitat dans une maison magnifique, plein centre de Lyon, avec jardin... les voisins sont supers, ma fille et ma femme sont en forme, on adore.
pas d'urgences vitales non plus pour débloquer le sujet économique : j'ai le temps de prendre du recule, d'analyser, de ressentir et de voir ce qui émerge. parce qu'en incertitude je sais qu'on ne maitrise rien mais qu'il émerge parfois les opportunités qu'on attendait, ou pas. il faut être présent et disponible pour capter les signaux, mais ça reste hors contrôle.
alors qui je suis pour me plaindre. pour avoir peur. pour être triste parfois voir angoissé ou déprimé ? si j'ouvre le canal des informations je vois bien que ma situation est plus que privilégiée et pourtant, même conscient de ça, dissonance cognitive.
mardi 9h20, toutes les semaines, séance de psychanalyse. je partage un bout de rêve dont je me rappelle et ça ouvre la porte sur des explorations profondes, au coeur du monde intérieur. un monde immense et très profond, j'ai le sentiment de pouvoir m'y perdre, heureusement que je suis accompagné dans ces explorations.
quelle chance aussi de pouvoir partager ces aventures avec une personne de confiance, même si ça va loin et que ça remue beaucoup. et encore, après 1 an, je ne suis qu'au début du voyage, c'est assez fou.
mercredi Capoeira. je laisse le cerveau gauche au repos et j'active le corps dans la musique et le mouvement. c'est un moment en dehors du temps, dans un espace précieux de liberté d'expression et d'apprentissage : ici aussi rien n'est sous contrôle. c'est par la pratique, la répétition et l'attention qu'on progresse, qu'on évolue, qu'on ressent et que le geste commence à trouver une certaine justesse...
je rentre à la maison et je retrouve Loé. 5 ans et demi. quel âge précieux : assez grande pour échanger, se comprendre et se faire comprendre et en même temps encore tellement enfant pour être totalement transparente, vulnérable et parfois aussi si forte qu'elle m'impressionne.
je retrouve Loriane pour un moment à 2. elle rayonne. je vois même dans les moments de fatigue cette énergie sincère qui brille à l'intérieur d'elle. cette sincérité et cette justesse, cette beauté et toute sa générosité...
pourquoi est-ce que je vous partage tout ces petits bouts de ma vie du moment déjà ?
à chaque fois je me demande : qui lira ça, vraiment ? qu'est-ce que ça peut bien apporter comme valeur que de partager ces éléments si singuliers d'une vie qui n'a rien d'extra-ordinaire ?
encore une fois j'ai appuyé sur le bouton partagé - et je n'ai pas utilisé un seul prompt ou correcteur d'orthographe.
parce que je ne veux pas perdre ce qui fait de moi un être vivant : une réelle fragilité, une maladresse, une non-optimisation et peut-être même un raté, une erreur volontaire.
d'une manière cette lettre ne sert à rien. elle est inutile. sauf si tu lis encore et que tu passes un bon moment. sauf si ça fait résonner chez toi tes propres petites expériences de la vie.
ton puzzle aussi n'est pas complet, ton chemin aussi n'est pas tracé. tu as tes peurs, tes doutes, tes souffrances et tes superstitions. tes tocs peut-être mais aussi tes folies douces.
souvent tous ces reliefs de notre personnalité "doivent" évoluer, se nettoyer, s'améliorer. depuis 5 jours j'ai arrêté de fumer, de boire de l'alcool aussi. j'ai ouvert à nouveau un challenge "santé parfaite", pour voir ce que ça fait, ce que ça (ré)ouvre chez moi.
toi aussi tu as ces moments ou tu veux faire mieux, plus juste, plus beau, en écoute. et le lendemain tout envoyer en l'air, t'éclater, finir à 6h du matin et avoir mal à la tête tout le lendemain.
parce que parfois c'est trop. trop lourd. parfois la vie est trop. parfois pas assez.
tout est en mouvement et en incertitude, en imperfection.
mais vivant.
et c'est exactement pour ça que je partage cette lettre : pour partager un peu de ce qui est vivant en moi en ce moment, pour parler à ce qui est vivant en toi et te dire de ne pas le cacher ou l'écraser.
je crois que c'est dans cette ouverture qu'on peut s'aimer. ces imperfections sont les prises sur lesquelles les uns et les autres peuvent s'accrocher. on se rapproche, on se connecte... on s'aime.
peut-être que l'Amour, le vrai, le profond, circule mieux quand rien n'est trop lisse et quand il y a de quoi déranger, toucher, gratter, perturber.
est-ce qu'on a envie de se voir "normaux" ou vrais plutôt ?
bref cette lettre doit bien finir à un moment, ce n'est pas exactement le bon moment mais c'est maintenant.
si tu as lu jusqu'ici, peut-être que quelque chose vibre en toi. pas grand chose mais c'est toujours cette petite étincelle qui vibre chez moi là-maintenant, de derrière mes lunettes...
belle suite de semaine. au plaisir de découvrir tes aventures du moment, de se voir en vrai, de se partager des bouts d'aventures de nos vies, ces détails qui font de bien ou qui font mal mais du bien à se raconter.
la porte d'après est ouverte. à bientôt ! plein d'Amour... 🫰
Hello Fabrice,
J’ai bien lu ta lettre. Et elle m’a vraiment touchée. Merci de partager avec autant d’authenticité… Ça fait du bien, ça résonne, et ça rappelle qu’on est nombreux·ses à traverser ces zones floues, humaines, vivantes.
Merci pour cette lettre que je reçois comme un moment de gratitude tout simple, une joie d’être vivant et en relation avec d’autres vivants et soi même.