Rebondir de ses erreurs, est-ce toujours possible ?
Dans un monde qui dit valoriser les erreurs pour évoluer est-ce vraiment possible quand certains ne laissent plus rien passer ?
Je crois qu’on est nombreux à se poser ces questions au quotidien : est-ce que j’ai vraiment le droit à l’erreur ? Est-ce qu’il faut “radicalement” que je sois dans les clous de tous les codes légaux et de respects pour être un humain acceptable ? Est-ce que si je fais une erreur tout s’effondre ou est-ce que j’ai le droit à l’erreur si j’en fait quelque chose de constructif ?
J’ai fais une erreur. Oui, je l’avoue, face à toi et face à moi-même, en tentant d’être le plus sincère possible et d’en faire quelque chose de constructif. Surtout, faire attention de ne pas me mentir à moi-même, de ne pas me chercher d’excuses et encore moi de me créer une grande histoire pour m’auto-convaincre.
Si je te raconte cette histoire c’est parce que tu fais peut-être partie des victimes de mon erreur. Et si ce n’est pas le cas, je pense qu’exposer cette erreur peut être un apprentissage utile, parce qu’on ne parle pas souvent des erreurs qu’on fait, ce n’est pas ce type d’expérience qu’on expose publiquement. Et pourtant, je me dis qu’on devrait plus le faire, surtout quand on est en plein dans l’erreur.
En Voici l’histoire👇
J’ai récemment fermé une communauté Slack de facilitateurs que j’avais crée il y a quelques années. L’intention de départ : créer un espace de contact, de rencontre et de partage entre facilitateurs francophones pour apprendre ensemble et tisser des liens d’entre-aide et une réelle dynamique de coopération.
Lors de la migration, j’annonce à tous que l’espace va fermer et qu’il est possible de basculer ailleurs et de garder le lien via cette lettre. Un soir, dans un mouvement qui me paraissait adapté, j’ai exporté les adresses mails des membres pour les importer ici… sans vérifier ce que j’aurais du pourtant vérifier avant le dernier clique fatidique…
J’étais persuadé que suite à l’import des contacts un mail automatique serait envoyé à ces personnes pour les inviter à souscrire à la lettre et la suivre. ERREUR. Tout le monde a été automatiquement inscrit, ce qui fait de moi un hors la loi face aux RGPD…
J’ai donc forcé des individus, dont tu fais peut-être partie à me suivre… J’ai fait le choix, car chaque acte est un choix, de violer ta boîte mail.
Voici mon erreur.
Suite à l’envoie de la lettre de lundi, le couperet tombe. J’ai par cette erreur blessé quelqu’un (j’ai envoyé ce “Yang” que j’essaie d’éviter au maximum dans ma vie pourtant).
Nous voilà lancé dans des échanges ou je m’efforce d’être juste face à la situation : je comprend qu’on puisse vouloir exposer en public la démarche de quelqu’un pour dénoncé mais il m’était très difficile de ne pas réagir suite à la forme très “agressive” du message.
Je ne rentrerais pas dans le détail des échanges, vous pouvez lire le fil directement sur Twitter si ça vous intéresse.
Si j’expose ça ici c’est pour te préciser, si tu es aussi dans le cas de Raphaël, toutes mes excuses. Je crois que c’est ce que je peux faire de mieux dans un premier temps : accepter mon erreur et la reconnaitre. Aussi, si tu ne veux plus suivre cette lettre, un simple clique te permettra de la quitter 👇 c’est tout en bas, en pied de mail !
Encore une fois, une personne qui partage du contenu comme moi n’a aucun intérêt à forcer des gens qui ne veulent pas le lire à le suivre. Je te remercie alors sincèrement de ta comprehension et de te désinscrire.
Si j’expose ça ici, c’est pour partager un évènement que tu as ou sera peut-être amené à vivre toi aussi. C’est inconfortable et je pense intéressant de t’en partager mes apprentissages :
Si c’était à refaire, je ferais bien attention de vérifier les processus d’inscription des services que j’utilise comme Substack. Ce n’est clairement pas la faute de l’outil, ce serait me mentir à moi-même. Lorsqu’on manipule des moyens de contacter d’autres personnes il convient en effet de s’assurer de ne rien “forcer”
Ce type d’aventure, de précautions, je sais aussi que c’est pour cette raison que pas mal de personnes n’écrivent pas ou ne partagent pas leurs idées, leurs pensées… Ce n’est déjà pas simple de “l’ouvrir” mais en plus, si on risque de créer des situations comme celle là, souvent on préfère ne rien partager…
Alors, je t’inviterais malgré tout à écrire et partager ! Vraiment, quitte à faire ces erreurs ou d’autres erreurs, à dire des conneries, faire des fautes, passé pour un.e débile ! Parce qui s‘il est nécessaire de toujours penser à tout et faire toujours attention à tout alors on ne tente plus rien !
Les RGPD existent pour certaines raisons. Bien entendu que suivant la loi, mon erreur me met hors la loi. Bien entendu que j’ai pu blesser certains et que ce que je dis là n’excuse en rien mon acte. Mais je questionne : est-ce réellement nécessaire de monter au front avec autant d’ardeur pour ça ? Est-ce qu’on doit en arriver à ne plus rien laisser passer ? (je ne suis pas Facebook et je n’ai pas d’argent à me faire avec vos données, j’essaie juste de garder un lien avec des humains en dehors de la contrainte des algorithmes des grandes plateformes…)
Si c’est pour le RGPD, c’est pour le masque, c’est pour jeter un déchet dehors, c’est pour le phrase déplacée à l’encontre d’une personne différente de nous… Bien entendu qu’une blague raciste est malvenue, bien entendu qu’il est nécessaire de faire attention à nos mots, nos actes et nos gestes pour nous assurer de respecter chacun…
MAIS, Est-ce qu’on doit en arriver à ne plus rien laisser passer ? Je sais que toutes ces questions sont sensibles à traiter, voir compliquées ou même, complexes…
Et face à cette complexité j’ai envie d’en tirer les même apprentissages que lorsque je travail sur des systèmes complexes : on ne peut rien contrôler, on peut juste appréhender cette complexité, la vivre, réagir, rebondir… Alors j’ai eu envie d’écrire cette lettre, ma manière de rebondir. M’excuser et t’inviter à te désinscrire et m’engager à être plus attentif la prochaine fois.
Je sais que je referais des erreurs. Je sais que je blesserais encore des gens. Je sais aussi que je ne voudrais pour rien au monde ne plus en faire parce que c’est ce qui me permet d’évoluer et d’apporter ainsi du bon et du beau à d’autres.
Est-ce que ça fait de moi quelqu’un de mauvais ? De bullshit ? Un malin peut-être ? Un raté et médiocre sinon ? Face à ça mon égo ne saurait répondre autre chose que du bien banal : je suis un humain qui ne vaut pas mieux que n’importe qui d’autre. J’espère apporter plus de richesses dans ta vie que t’en voler et je continuerais de prendre autant de précautions que possible dans ce sens, sinon je ne peux pas dire faire du “Design régénératif”… Est-ce que je suis légitime d’ailleurs pour ce que je fais au quotidien ? Est-ce que je ne devrais pas être exemplaire sinon rien ? Non, je ne crois pas, la confiance c’est aussi dans les erreurs et ses apprentissages, sinon ce n’est pas de la confiance. J’espère que tu me fais confiance oui, mais moi, je peux juste faire de mon mieux et je crois bien m’y efforcer…
Ici j’apprend et merci de ta lecture. Au plaisir d’un prochain sujet d’ici quelques semaines - cette lettre était exceptionnellement très rapprochée de la précédente.
A bientôt, en te souhaitant de belle erreurs constructives. 💋
Merci Fabrice pour le partage.
Dans ces cas, il faut se souvenir de Taleb 👉 Une critique en dit bien plus sur le critiqueur que l'objet de la critique. - Nassim Nicholas Taleb
À bientôt :)