Retour au sensible, au beau vivant

Il y a avoir, faire et surtout être beau et vivant... le temps passe si vite, est-ce que vous aurez le temps d'une lettre sensible ?

hello la famille,

je suis avec ma fille en cette fin d'après-midi,

pendant que j'écris ces mots, elle joue avec le trackpad, faisant bouger le curseur sur mon écran,

très difficile de rester concentré pour écrire, moi qui voulais être focus pour produire une lettre de qualité.

et puis j'arrête d'écrire et je la regarde, j'essaie de considérer vraiment le moment : nous sommes tous les deux dans notre beau salon de notre nouvel appartement. deux membres d'une famille dans leur petit nid. gratitude.

je la regarde plus en détails : elle a 5 ans, bientôt 6. elle est déjà tellement grande. le temps passe si vite.

mon coeur se sert une fois de plus quand je prend conscience, encore, que demain elle aura déjà changé. je ne vivrais plus les moments de tendresse de quand elle était bébé comme ce moment ou elle se colle contre moi en jouant avec le curseur. plus jamais pareil.

tous les moments sont éphémères et alors tellement fragiles...

uniques, beaux... vivants !

interruption totale de l'écriture, reprise le lendemain matin dans mon espace coworking.

l'ambiance est bonne mais tout le monde est derrière son ordinateur. tout le monde semble ravi d'être derrière son écran, c'est déjà une bonne chose. je sens cependant cette dissonance vis à vis du beau et du vivant...

je ne peux m'empêcher d'imaginer tout ces humains vivants autrement en local, ensemble, si le letmotive n'était pas de développer son activité dans son coin mais de participer à la vie collective de la communauté.

j'en viens à rêver de cette vie en communauté : chacun intégré dans son village, avec sa famille et les autres membres nécessairement proches.

chacun une place, un rôle, au service du groupe, plutôt que chacun dans son monde numérique et loin de son corps pourtant dans le même lieu que les autres.

malgré ce que chacun peut bien faire dans son univers, je ne peux m'empêcher de juger ce mode de vie comme plutôt médiocre. je me dis qu'on pourrait s'offrir tellement plus beau, tellement plus vivant...

qu'est-ce que ce beau vivant alors ?

déjà Être, avec soi-même. le temps de se retrouver avec soi, son corps, les sensations, tout ce qui vit à l'intérieur, mental, émotions, tensions et autres détails sensibles.

ensuite Être avec les autres, vraiment. corps à corps, sentir la présence, sentir l'attention et partager le moment dans toute sa profondeur et sa présence.

à ce stade déjà émergerait une forme de beauté par le simple fait de sentir toute la vitalité dans l'instant. respirer ensemble dans cet instant et se nourrir de tout ce qui vibre ici et maintenant, sans même besoin de partager un seul mot...

Faire après. dans l'action, que ce soit physique ou intellectuel, mais faire en gardant la pleine présence à soi et aux autres. chaque geste se retrouve alors aligné avec les mouvements du coeur, impossible de dissocier l'être et le faire.

et plus besoin d'Avoir. car tout est déjà là. que vouloir de plus que Vivre et vibrer ce qui est vécu en total alignement ? le beau vivant est déjà là.

Rêver. c'est que ce que je viens de faire ici. s'autoriser à rêver n'est pas si simple, très souvent difficile d'y croire, alors on ne s'autorise plus. perte de temps. et je n'ai déjà pas assez de temps.

le temps passe si vite. et ce qui m'anime au quotidien et surtout du Faire pour Avoir. avoir de l'argent pour vivre. vivre pour faire pour avoir de l'argent pour vivre. et ainsi de suite, tournant dans la roue de hamster, derrière mon écran...

Lâcher prise. je n'arrive pas encore à m'abandonner à la vie, mon cerveau veut toujours reprendre le contrôle, s'assurer d'être à la maitrise de sa vie. mais c'est surtout lui qui tourne en boucle sur les mêmes sujets, sur ce qu'il connait, dans l'illusion de savoir.

tout ce que je sais c'est que je ne sais rien. c'est beau de le dire mais il faut encore le sentir dans le corps puis l'accepter profondément. je ne sais rien, je ne maitrise rien.

et puis le dire, comme ici sur cette lettre en aveux de faiblesse, s'ouvrir et être vulnérable. oui il y a des failles à l'intérieur mais est-ce que ça fait de moi quelqu'un en qui on ne peut avoir confiance ?

est-ce que les autres sont plus forts et courageux ? plus vivants et plus beaux ?

et qui est-ce que ça peut bien intéresser ce genre de lettre ? cette extimité ne regarde que moi non ?

je publierais quand même. parce que je ne suis pas le seul à me sentir vide et faible parfois. ce sont des cycles, des moments, des passages dans l'aventure. et c'est toujours agréable je crois de sentir que pour d'autres aussi ce n'est pas toujours évident que ce qu'on peut afficher sur les réseaux sociaux.

je pense à nouveau à ma fille : bientôt 6 ans déjà, le temps passe si vite. bientôt 37 ans, le temps passe trop vite...

mon coeur se sert une fois de plus... le beau vivant est à portée, il suffit de quelques ajustements et d'un gros saut en chute libre à l'intérieur de soi...

mais ça vaut la peine non ? sortir de la roue d'une manière ou d'une autre, retrouver la présence et la justesse, le rythme naturel et l'observation fine.

pour Être là avec elle, Vivre chaque étape et pas seulement la voir grandir mais grandir avec elle, instant après instant, vivants...

je ne retoucherais pas cette lettre avec de l'IA, même pour corriger la structure ou l'orthographe. elle restera brute, imparfaite, inutile peut-être au risque de perdre un % d'abonnés.

"ce type est chelou, pourquoi il écrit tout ça..." - je pourrais comprendre.

mais je ne sais pas : ça me fait du bien quand d'autres le fond, alors je joue le jeu : écrire pour sentir cette vibration subtile, celle du beau vivant.